Tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic
Plus qu’une minute et ces pains de plastic
Qui entourent mon ventre sur une chair meurtrie
Supprimeront d’un coup cette école et ma vie
La classe des petits, de cet enfant qui chante
Va bientôt sautée il ne restera rien
Q’une fumée épaisse et la sirène hurlante
Et des corps mutilés d’un pied ou d’une main
Mon coeur qui bat si fort fait bourdonner ma tête
Je dois serrer les dents mais aller jusqu’au bout
La haine que j’éprouve me protège de tout
Avant que tout explose je crierai à tue tête
Les pains n’ont pas sauté et je suis en prison
Et je passe depuis de cellule en cellule
Violée par des geôliers, recherchant le frisson
Ou des fois arrosée par l’acide qui brûle
Quatorze ans aujourd’hui c’est mon anniversaire
Je me suis maquillée d’un doigt avec mon sang
C’est horrible une bouche quand elle n’a plus de dents
Tous mes os sont cassés mais j’arrive à me taire
Mon corps endolori est couvert d’ecchymoses
De morsures de rat grimpant sur vous la nuit
J’échange quelques fois mon corps pour quelques doses
Pour tenter d’oublier la souffrance et l’ennui
Bien avant que la corde, à mon cou, soit posée
Je me serais vengée même sous les verrous
La maladie terrible que l’un deux m’a donnée
Le sida, avec joie je l’ai donné à tous.